Derrière la dissolution des Soulèvements, l’attaque contre les terres

Mercredi dernier, le Gouvernement, par l’intermédiaire de son zélé ministre de l’intérieur, a présenté le décret portant dissolution des Soulèvements de la Terre. Derrière les faux prétextes et l’autoritarisme, le véritable motif de cette décision est passé sous silence : tant que le Gouvernement, shooté au productivisme et à la croissance, refusera l’impératif de protection de nos terres, nous ne trouverons pas d’issue à cette crise politique.

Photo de bannière et/ou de couverture d'article. Retouchée et éditée par l'équipe parlementaire de Lisa Belluco, Députée de la Vienne.

Mercredi dernier, une semaine avant la dissolution des Soulèvements, la majorité gouvernementale faisait régulariser, en hémicycle, le plan local d’urbanisme intercommunal du Bas-Chablais, afin d’imposer une nouvelle autoroute payante en Haute-Savoie. Les écologistes se sont fortement opposés à ce contournement manifeste du droit de l’environnement et ont rappelé l’absurdité de promouvoir un tel aménagement passéiste, climaticide et écocidaire dans un territoire disposant déjà d’infrastructures routières et ferroviaires et à l’heure où la terre tremble, où la forêt brûle et où l’eau manque.

Mais rien n’y fait. Le Gouvernement, à court d’idées, n’a rien d’autre à proposer que du béton, des routes ou des bassines. Plus l’aménagement est gros, coûteux et inadapté à l’urgence écologique, plus il a de chances de recueillir les faveurs de la majorité.

La suite est toute tracée : les scientifiques vont alerter, les paysans vont protester, les citoyens vont se mobiliser et la terre va à nouveau se soulever pour empêcher ce funeste projet de voir le jour. Le Gouvernement ne comprendra pas, interdira les mobilisations, les réprimera jusqu’à ce que l’évidence apparaisse et que le projet soit abandonné. Quitte à user de dispositifs contraires au droit commun, quitte à déployer les moyens de l’anti-terrorisme face à ces citoyens, mettant non seulement en jeu l’habitabilité de la terre, mais aussi notre capacité à y répondre de manière collective et démocratique.

Le Gouvernement n’a-t-il rien appris de Notre-Dame-des-Landes ? du barrage de Sivens ? de la Montagne d’Or ? d’Europacity ?

Chaque fois, il s’est entêté face à l’évidence, chaque fois il nous a fait perdre du temps et de l’argent public, qui auraient pu au contraire servir à accompagner les initiatives et innovations durables qui foisonnent sur nos territoires.

Malheureusement, le texte proposé au vote des députés sur la mise en œuvre du ZAN – zéro artificialisation nette – ce mardi 27 juin à l’Assemblée nous confirme que le Gouvernement n’a rien appris de ces erreurs du passé.

En effet, malgré les nombreuses alertes écologistes, le Gouvernement maintient sa volonté de prévoir un forfait d’artificialisation de 15 000 hectares pour des projets d’envergure nationale parmi lesquels de nouvelles autoroutes, des LGV ou des gigafactories. Autant de projets du siècle passé qui détruiront des forêts et des zones humides indispensables à la régulation du ou des terres agricoles essentielles à notre souveraineté alimentaire. Ces mêmes terres qui se soulèvent et que nous devons protéger car elles sont nos meilleures alliées dans la lutte contre le changement climatique, la préservation de la biodiversité ou la protection de la ressource en eau.

Dans sa course à l’ébriété foncière et aux grands projets inutiles, il a trouvé un remède pour aider à faire passer la pilule au niveau local : ne pas imputer à l’enveloppe des communes l’impact de l’artificialisation des « projets d’envergure nationale ou européenne qui présente un intérêt général majeur ».

Élues écologistes, nous sommes convaincues que les solutions résident dans l’écoute des scientifiques et des citoyens et dans la protection et le partage équitable et durable de nos terres.

Nous appelons le Gouvernement à avoir le courage de cesser tous les grands projets d’aménagement inutiles et destructeurs sans attendre de perdre des écosystèmes précieux et des milliards d’euros d’argent public. Nous l’appelons à investir cet argent dans nos villages, à soutenir les projets de revitalisation des campagnes, la remise en service des petites lignes ferroviaires, l’installation massive de paysans, la construction de logements sociaux, la protection de nos forêts, de la biodiversité et de l’ensemble des aménités rurales.

Nul ne peut gouverner contre le peuple, nul ne peut gouverner contre la nature. Les voix de nos soulèvements ne cesseront que lorsque le Gouvernement renoncera à éventrer la terre.

Lisa Belluco, députée écologiste de la Vienne
Marie Pochon, députée écologiste de la Drôme

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Derrière la dissolution des Soulèvements, l’attaque contre les terres

Mercredi dernier, le Gouvernement, par l’intermédiaire de son zélé ministre de l’intérieur, a présenté le décret portant dissolution des Soulèvements de la Terre. Derrière les faux prétextes et l’autoritarisme, le véritable motif de cette décision est passé sous silence : tant que le Gouvernement, shooté au productivisme et à la croissance, refusera l’impératif de protection de nos terres, nous ne trouverons pas d’issue à cette crise politique.

Photo de bannière et/ou de couverture d'article. Retouchée et éditée par l'équipe parlementaire de Lisa Belluco, Députée de la Vienne.

Mercredi dernier, une semaine avant la dissolution des Soulèvements, la majorité gouvernementale faisait régulariser, en hémicycle, le plan local d’urbanisme intercommunal du Bas-Chablais, afin d’imposer une nouvelle autoroute payante en Haute-Savoie. Les écologistes se sont fortement opposés à ce contournement manifeste du droit de l’environnement et ont rappelé l’absurdité de promouvoir un tel aménagement passéiste, climaticide et écocidaire dans un territoire disposant déjà d’infrastructures routières et ferroviaires et à l’heure où la terre tremble, où la forêt brûle et où l’eau manque.

Mais rien n’y fait. Le Gouvernement, à court d’idées, n’a rien d’autre à proposer que du béton, des routes ou des bassines. Plus l’aménagement est gros, coûteux et inadapté à l’urgence écologique, plus il a de chances de recueillir les faveurs de la majorité.

La suite est toute tracée : les scientifiques vont alerter, les paysans vont protester, les citoyens vont se mobiliser et la terre va à nouveau se soulever pour empêcher ce funeste projet de voir le jour. Le Gouvernement ne comprendra pas, interdira les mobilisations, les réprimera jusqu’à ce que l’évidence apparaisse et que le projet soit abandonné. Quitte à user de dispositifs contraires au droit commun, quitte à déployer les moyens de l’anti-terrorisme face à ces citoyens, mettant non seulement en jeu l’habitabilité de la terre, mais aussi notre capacité à y répondre de manière collective et démocratique.

Le Gouvernement n’a-t-il rien appris de Notre-Dame-des-Landes ? du barrage de Sivens ? de la Montagne d’Or ? d’Europacity ?

Chaque fois, il s’est entêté face à l’évidence, chaque fois il nous a fait perdre du temps et de l’argent public, qui auraient pu au contraire servir à accompagner les initiatives et innovations durables qui foisonnent sur nos territoires.

Malheureusement, le texte proposé au vote des députés sur la mise en œuvre du ZAN – zéro artificialisation nette – ce mardi 27 juin à l’Assemblée nous confirme que le Gouvernement n’a rien appris de ces erreurs du passé.

En effet, malgré les nombreuses alertes écologistes, le Gouvernement maintient sa volonté de prévoir un forfait d’artificialisation de 15 000 hectares pour des projets d’envergure nationale parmi lesquels de nouvelles autoroutes, des LGV ou des gigafactories. Autant de projets du siècle passé qui détruiront des forêts et des zones humides indispensables à la régulation du ou des terres agricoles essentielles à notre souveraineté alimentaire. Ces mêmes terres qui se soulèvent et que nous devons protéger car elles sont nos meilleures alliées dans la lutte contre le changement climatique, la préservation de la biodiversité ou la protection de la ressource en eau.

Dans sa course à l’ébriété foncière et aux grands projets inutiles, il a trouvé un remède pour aider à faire passer la pilule au niveau local : ne pas imputer à l’enveloppe des communes l’impact de l’artificialisation des « projets d’envergure nationale ou européenne qui présente un intérêt général majeur ».

Élues écologistes, nous sommes convaincues que les solutions résident dans l’écoute des scientifiques et des citoyens et dans la protection et le partage équitable et durable de nos terres.

Nous appelons le Gouvernement à avoir le courage de cesser tous les grands projets d’aménagement inutiles et destructeurs sans attendre de perdre des écosystèmes précieux et des milliards d’euros d’argent public. Nous l’appelons à investir cet argent dans nos villages, à soutenir les projets de revitalisation des campagnes, la remise en service des petites lignes ferroviaires, l’installation massive de paysans, la construction de logements sociaux, la protection de nos forêts, de la biodiversité et de l’ensemble des aménités rurales.

Nul ne peut gouverner contre le peuple, nul ne peut gouverner contre la nature. Les voix de nos soulèvements ne cesseront que lorsque le Gouvernement renoncera à éventrer la terre.

Lisa Belluco, députée écologiste de la Vienne
Marie Pochon, députée écologiste de la Drôme

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